Saint Christophe

   Après les silhouettes des géants qui n’ont pas fini de me visiter, celles du jardin des délices, la figure de Saint Christophe s’impose à moi , ce géant énigmatique qui transporte le petit enfant Jésus sur ses épaules pour traverser le fleuve  vient questionner mon passé et  mon imaginaire pictural.
Qu’est-ce que porter…Cette question surgie du plus profond vient animer mon quotidien de peintre, avec toujours cette même scène fascinante : l’homme porte l’enfant, l’enfant a confiance, pourtant l’homme manque perdre pied et les perdre dans les eaux tumultueuses de la rivière. Il faut atteindre l’autre rive et prendre le risque de la traversée.
 l’irruption d’une figuration dans mes paysages abstraits me surprend, chemin de traverse dans mon expression libre.

A l’atelier, les dessins d’une grande sculpture de mon enfance dans sa ligne verticale ont vite laissé la place à mon instinct « baroque » et s’élancent chaque jour sur des petits formats de papier mes premières traces: crayon, graphite, fusain, ou pointe feutre noir.
Suivront des papiers plus grands pliés, là, Saint Christophe et l’enfant comme dans une chorégraphie, dansent la légèreté d’une peinture esquissée. Viendra ensuite une série de formats plus grands (100x80cm) dessins vifs rouges noirs, or.

Enfin de grandes toiles spécifiquement peintes pour les piliers de la nef de l’église Saint Thomas de Cuiseaux explorent les différents angles de la confiance, de la force, du mystère, du doute et de l’ambiguïté aussi. Chaque entité du tableau peut être cette part de nous-même, que l’on soit Le géant, l’enfant, l’eau ou la rive hors-champ comme autant d’étapes sur le chemin.